De cette épitaphe pour le moins énigmatique, nous commençons notre enquête. Louis Rimbault a été inscrit au carnet B vers 1911-1912, un fichier établi par la Sûreté Nationale recensant les anarchistes et antimilitaristes considérés comme dangereux. Ces documents fournissent de riches informations.
Le narrateur : Comme vous, là maintenant, en lisant cette plaque, nous avons été intrigués. Et pour trouver des informations, notre point de départ, ce sont les archives. Aux archives municipales, rien ; aux archives départementales, rien non plus. Notre recherche documentaire nous a finalement conduit loin de Luynes, à Paris, aux archives nationales et aux archives de la police. En tant que militant anarchiste, le parcours de Louis Rimbault a été renseigné par des rapports du ministère de l’Intérieur. Nous vous faisons lecture de certains documents.
Lecture du premier document d’archive : Préfecture de police, service des renseignements généraux. Paris, le 29 août 1916. Rapport du chef de service des renseignements généraux à monsieur le préfet de Police.
Objet : Au sujet de Monsieur Rimbault, Louis, abonné au journal anarchiste et pacifiste « Ce Qu’il Faut Dire ».
Je transmets ci-après les renseignements recueillis sur le compte du nommé Rimbault, Louis, né le 09 avril 1877 à Tours.
Après avoir été établi quincailler pendant 5 ans environ de 1906 à 1911 à Gargan Livry Seine et Oise, où il a exercé, durant 4 ans, les fonctions de conseiller municipal auxquelles il avait été élu sous l’étiquette radicale socialiste et qu’il a dû abandonner en raison de son intransigeance, le susnommé a quitté cette localité pour aller demeurer à Pavillon-sous-Bois de décembre 1911 au 19 janvier 1912.
A ce moment Rimbault entretenait des relations avec les anarchistes Garnier, Carouy, Forget faisant partie de la bande à Bonnot. Il passait même pour fournir ceux-ci les outils perfectionnés qui leur servaient à commettre leurs cambriolages.
Impliqué dans le procès de ces anarchistes, il a été arrêté le 19 janvier 1912, sous l’inculpation de vol et de complicité et écroué à la prison de la Santé.
Aux assises, le 20 Août 1914, Rimbault a été acquitté mais il n’a pas été remis en liberté. Il a été envoyé le 26 août au 104e Régiment d’Infanterie à Argentan. Le 30 juin 1915, il a été placé en sursis d’appel et affecté, en sa qualité d’ouvrier serrurier à la maison Lecot, 93 rue Pelleport.
Rimbault demeure depuis juillet 1915, rue Pelleport au 88 ou il occupe un logement annuel de 220 frs qu’il n’a pas encore payé.
Lecture du deuxième document d’archive : Préfecture de police, service des renseignements généraux et des jeux. Paris, le 8 octobre 1923. Rapport du chef de service.
L’anarchiste Rimbault, Louis, Édouard, est absent de son domicile 88 rue Pelleport depuis la fin Septembre.
Il se trouverait 9 rue Victor Hugo à Tours chez une dame Pierre avec laquelle il serait en pourparlers pour l’achat d’une petite propriété dans laquelle il installerait une colonie végétarienne.
Rimbault figure sur la liste des anarchistes dont le domicile est soumis à vérification bimensuelle.
Signalement : 1m68 environ, figure maigre, osseuse, aspect maladif, corpulence ordinaire, légèrement voûté, cheveux châtain roux, pommettes saillantes, teint pâle.
Lecture du troisième document d’archive : Préfecture de police, cabinet du préfet. Paris, le 31 décembre 1926. Secret. Le préfet de Police à Monsieur le ministre de l’intérieur (Direction de la sureté générale 2e bureau – Carnet B)
Je suis aisé que le nommé Rimbault Louis Edouard, né le 9 avril 1877 à Tours inscrit au carnet B de la Seine (3e groupe), s’est installé dans la colonie végétalienne de Luynes au lieu-dit « Terre Libérée » Indre et Loire.
J’ai l’honneur de vous faire connaitre que le 28 décembre 1926, j’ai rayé cet individu au carnet B de la Seine et que j’ai transféré son dossier à Monsieur le Préfet d’Indre et Loire.
Moyens techniques : MASAO Productions
Voix narrateur : Christophe Gaillard
Voix Louis Rimbault : Jean Barat
Voix Nadaud : Marie-Désirée Martins
Musique : Florian Motteau
Stagiaires enregistrement sons : Albane Gaillard, Olive Motteau-Martins